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Interview. Rosanna Lerner est à la librairie La Page le 25 janvier. 17h. "48 heures dans la vie d'une jeune adolescente de 16 ans."


Eva Zuili, notre journaliste, a rencontré Rosanna Lerner pour son premier roman Pussy suicide publié chez Grasset pour notre macadam londonien.


Interview. Rosanna Lerner est à la librairie La Page le 25 janvier. 17h. "48 heures dans la vie d'une jeune adolescente de 16 ans."
Interview. Rosanna Lerner est à la librairie La Page le 25 janvier. 17h. "48 heures dans la vie d'une jeune adolescente de 16 ans."

LONDON MACADAM : Bonjour Rosanna, comment est née l'idée de ce premier roman…

Rosanna LERNER: Ce livre, je l'ai commencé il y a près de deux ans et demi. Je voulais jouer avec un exercice de style qui était de ne respecter aucune règle dans la forme et je n'avais pas vraiment d’histoires. C'est pour cela que j'ai mis beaucoup de temps à l’écrire, à l’achever et à trouver un collaborateur.

Au début, je voulais que mon personnage soit complètement affranchie de référencement et qu'il n'y ait pas de temps attitré dans le roman. J’oscillai entre le passé, le futur, le présent. En fonction des personnes avec qui se trouvait le personnage, je changeais de pronom. J’avais beaucoup de mal à me relire parce que j'écrivais comme les choses me venaient. Pendant un bon moment, j’ai abandonné ce livre et je me suis consacrée à d'autres idées de romans que je commençais et que je ne terminais pas.

A un moment, j’y suis revenue, curieuse de savoir ce que cela donnerait si je simplifiais, alors j’ai débroussaillé toutes mes idées saugrenues. J'ai décidé d'écrire au présent et que mon personnage ce serait elle, Ottessa.

A partir de ce moment-là, les choses se sont illuminées et comme par magie une histoire m’est apparue. Je pense que j'avais un complexe par rapport au fait d'assumer une histoire et je trouvais un peu prosaïque de penser à une histoire et de l’écrire.

J'arrive seulement à écrire si je n'ai pas d'histoire comme si mon inconscient me parle de façon un peu mystique. Je pense que l’histoire, on ne la choisit pas vraiment. J'aime écrire en me sentant aspirée par l'histoire plutôt que de choisir où elle va, c'est trop de responsabilités et puis ce n'est pas intéressant pour moi comme exercice. Je suis une grande lectrice d’histoire mais je ne suis pas cette conteuse que j'aime lire.


LONDON MACADAM : c’est un livre étonnant, 48 heures dans la vie d'une jeune adolescente de 16 ans OTTESSA, très éprise d'Oscar dont elle attend un message. Cette douloureuse attente lui donne envie de se suicider. Alors elle transforme son mal-être en quête effrénée de sexe et d'alcool pour s'anesthésier.

Rosanna LERNER: J'ai voulu déchiffrer les étapes d'emballement qui se passent dans la tête d'une jeune fille, ou de n'importe qui d’ailleurs, quand le texto et la réponse au texto deviennent le centre névralgique du sens de notre existence. Tout s'accélère en nous. Comme cela m'a plût de décrire ces étapes d’emballement parce que ça parlait de nerfs qui lâchent et de destruction intérieure, j’ai décidé d’être encore plus radicale et de donner à mon personnage l'envie de se détruire complètement, de se suicider.

Il faut se rendre à l’évidence, elle est jeune, si elle n'arrive pas du tout à gérer l’attente d'un message, c'est plutôt lucide de se dire qu'elle ne va pas réussir à gérer les autres contraintes de la vie. C'est la moindre des contraintes d'attendre un texto et elle se dit qu'elle ne sera pas à la hauteur des contraintes de l'âge adulte et donc au lieu de faire perdre du temps à tout le monde et souffrir davantage, elle se dit “ je vais me suicider parce que ça me semble rationnel”.

Sauf que pendant ces 48 heures, elle ne va pas arrêter de remettre cette résolution à plus tard parce qu’il va lui arriver plusieurs événements …


LONDON MACADAM: Vos sources d’inspiration?

Rosanna LERNER: Il y a de l'inspiration consciente et inconsciente. Je pense que l'inspiration consciente ce n'est pas très positif parce qu'on a tendance à copier.

En revanche, il y a des œuvres qui m'ont durablement marquée. Ottessa, c’est le prénom d’une écrivaine américaine que j’admire, Ottessa Moshfegh, qui a écrit Mon année de repos et de relaxation, My year of rest and relaxation.

Donc c'est un livre où a priori il ne va rien se passer puisqu'elle est censée dormir sauf qu'il lui arrive plein de choses soit dans ses rêves, soit parce qu'elle somnole.

Elle parle aussi de son passé, elle contacte des gens mais elle est toute seule pratiquement pendant tout le récit et ça m'a beaucoup marqué parce que j'admire beaucoup l’unité de personnage, l’unité de lieu.

Ce sont des lectures qui contentent et qui rassurent sur le fait que lorsqu’il n’y a plus rien, il reste quelque chose. Il reste les nerfs qui peuvent lâcher et à ce moment-là, il y a d'autres portes de la perception qui s’ouvrent.

La littérature américaine est plus dense par rapport à ce genre-là, que la littérature française.

J'ai été très marquée par la littérature américaine des années 90, le roman noir, la littérature de l'errance alimentée par des vétérans de la guerre du Vietnam.

Personne ne comprenait leurs traumatismes, il n’y avait pas de prise en charge, ni de psychothérapie, ni de sécurité sociale donc à défaut de prendre des antidépresseurs et des anxiolytiques, certains de ces héros de guerre se droguaient aux opiacées, buvaient de l’alcool, se clochardisaient. Certaines d'entre eux ont écrit sur la Californie avec les disparités sociales effrayantes, le rétropédalage de classe. Les héritiers de ces périodes-là parlent de l’errance, de l’alcoolisme, du pétage de câbles, de la solitude, de l’ostracisation.

Ainsi, le roman noir est un mélange hybride de poésie, de violence et tragédie. Ce mélange me fait penser à des immenses peintures magnifiques du Caravage, ou des scènes de sacrifices sont représentées. C’est une façon d’apprécier les drames de l’histoire du monde qui me touche.

La musique et le cinéma m’inspirent mais aussi la vie de tous les jours c'est-à-dire que dans un texto un peu rigolo qu'un ami ou qu'une amie m'envoie je peux trouver de la littérature ou une matière exaltante. J’absorbe le plus de choses possibles, un texto ou un livre que j'ai beaucoup aimé sont sur le même pied d'égalité en termes d’inspiration.


LONDON MACADAM: n France, un écrivain qui vous inspire?

Rosanna LERNER: En ce moment, en contemporain j'aime beaucoup la poétesse Laura Vasquez, inspirée de Antonin Artaud et Jon Fosse. Je citerais Hervé Prudhon, poète qui a aussi écrit du roman noir et nourrit la littérature de l’errance. En fait, j'aime les romans qui ont été écrits par des poètes parce que j'y trouve quelque chose de nouveau, les poètes sont radicaux sur leur singularité.

Par contre, je n'aime pas les romans contemporains trop classiques parce que je n'ai pas encore fini de lire tous mes classiques du dix-huitième et du dix-neuvième siècle, évidemment Zola, Balzac… Il y a Elsa Marpeau aussi qui est une autre écrivaine qui a très peu publié mais m'a vraiment beaucoup marquée.


LONDON MACADAM: Un deuxième livre en préparation ?

Rosanna Lerner: j’ai un deuxième livre en préparation mais j'aimerais aussi faire des films et des séries.


My LONDON MACADAM par Roseanna Lerner…

Rosanna LERNER: Je viens souvent à Londres rendre visite à mon meilleur ami et à ma cousine qui y vivent. Cependant, je connais Londres relativement peu puisque je ne reste jamais très longtemps.

Ils m'emmènent dans leurs endroits, mon ami est musicien alors parfois j’assiste à des concerts au Troubadour. Sinon je me balade aux marchés de Notting Hill ou Shoreditch pour les fripes.

J’aime aller dans les librairies, La page sur Harrington Road et la librairie anglaise un peu plus bas à South Kensington, me balader à Hyde parc et dans les musées, la Tate, le Victoria and Albert Museum etc.


Merci Rosanna Lerner je vous souhaite beaucoup de succès et on se rencontrera samedi 25 janvier à 17h.


Merci.

Une Interview de Eva Zuili Mimoun



 

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